dimanche 29 janvier 2017

Le retour de Toa'Hiti


Kitemona venait déranger les kosi ! Ça faisait longtemps, et pour une fois, ce ne serait pas pour une mauvaise plaisanterie haute en couleur. Il s'arrêta à distance respectable, histoire de ne pas débouler comme un cheveu sur la soupe, et saluait d'un respectueux et discret "Hou, Inkosis."

Ha'Ka'n se tourne vers Kite, laissant Al'ka régler un problème "Hou Kite...."

Kitemona  s'approcha de quelques pas,  la salutation de son i'mota. "Je peux vous déranger ?" Il demande; C'est rare, et peut-être inquiétant. Ou alors, il a appris la politesse et la modération.

Ha'Ka'n fronce les sourcils, on leur avait changé le Hunter ! Soupçonneux il lui fait signe de s'approcher plus près avant de lâcher d'un ton ou perçait un certain scepticisme "Vas-y ...déranges moi..."

Kitemona retint la vanne qui lui traversa l'esprit. De toute ses forces, et parce que vraiment, ça l'aurait pas fait. Il se racla la gorge et laissa un oiseau passer. "Tel'Nek a ramené le cadavre d'un kiume maudit. Il a essayé de la tuer, selon ses dires. Pour le moment, elle se repose sous mon toit, mais elle semblait perturbée." Suffisamment, pour qu'il juge bon de venir en parler aux têtes de clan. Il attendrait la réaction, avant d'enchaîner, parce qu'un hunter de sa trempe ça ne venait jamais avec un seul problème. Y'avais de ces choses immuables…

Ha'Ka'n n'allait pas péter une durite nono ! Qu'un guerrier inconnu menace de tuer la M’Wana et que celle-ci arrive à le tuer était tout à fait normal ! La journée était déjà bien entamée mais pas encore finie et d'ici la nuit qu'autres choses tout aussi furieusement curieuses pouvaient arriver, il ne s'en étonnerait pas, c'était les tokoloshes ! Un feulement menaçant plus tard, il entame le dialogue "Et....que dit l’Inyanga? Elle a vu TelNek?" Il ne savait pas pourquoi il sentait que les mauvaises nouvelles n'allaient pas s'arrêter là.

Kitemona négativa d'un signe de tête, léger. "Elle n'as pas eu le temps de pousser au-delà l'auscultation. Tel'Nek va... Relativement bien, sur le plan physique. Elle aura la marque de main à la gorge pour un moment, mais pas de blessure plus sérieuse. En soit, elle a eu de la chance. C'est psychologiquement, qu'elle est éprouvée. Elle ne voulait pas être seule après ça" Surtout vu la taille du type ! "Asya était occupée à essayer d'éclaircir un soucis... Entre un pledge qui ne sait ni chasser ni convoiter une kike, et qui avait attisé la colère d'une imani, pour finir pendu par les pieds dans la jungle... Je crois qu'il aura sa leçon." Il l'avait lui-même récupérer puis attacher près du feu. La suite, il l'ignorait. Mais, ça n'était pas tout; Il laissait le temps à l'inkosi de digérer les bads news.

Ha'Ka'n hoche la tête, les mauvaises nouvelles il s'y attendait plus ou moins... Et c'était semble-t-il pas fini....il encourage le Hunter à continuer d'un geste de la main, le regard de plus en plus noir "continues...."

Kitemona planta un regard perçant dans les prunelles inkosienne, pour la suite. Impossible de savoir ce qu'il pensait réellement à cet instant, si on ne le connaissait pas suffisamment bien, au-delà des apparences. Il lâcherait l'information d'un ton modulé, sans intonation : "Hier soir, j'ai fait un tour dans les alentours du camp, et je suis tombé sur un blessé. Il portait nos atours, des blessures et des cicatrices. Alors je l'ai ramené au lazaret. C'est là, que j'ai vu." Peut-être fixait-il un point au-delà de l’inkosi... "Toa'Hiti est inconscient, dans le lazaret." Ça semblait lui faire ni chaud, ni froid. Du moins, c'est ce qu'il tâchait de montrer. Un simple rapport, d'un revenant échoué sur la plage.

Morik’o avait cherché Kitemona à travers tout le camp. Dernier recours, près de la hutte des Inkosis. Elle y couru et le vit, les deux Kosis étaient là bien sûr. Elle lui sauta au cou, se marrant déjà de ce qu’elle avait fait cet après-midi. Oui Morik’o avait encore fait des siennes, en suspendant Azaris par les pieds à un arbre dans la jungle.  « Alors t’as vu Kite comment je traite les Kiumes qui se conduisent en Kik…. ». Elle s’arrêta net lorsqu’elle entendu les dire de Kite et s’écarta aussitôt, avait-elle bien entendu là ? Elle resta interdite, yeux grands ouverts, déglutit même. Elle peinait à garder une respiration calme, son cœur venait de s’accélérer en deux secondes. Elle tomba, le cul par terre, ne sachant plus où donner de la tête tout à coup. Elle vrilla vers Ha’Kan, puis vers Kite. C’était une blague ou quoi, il l’avait entendu arriver, ce n’est pas possible ! Elle ne voulait pas y croire une seule seconde, s’efforçait de fermer les yeux sur cette phrase, voulait déjà l’oublier, tant cela lui faisait un choc. « Tooooooo Toooo Toooa ? » bégaya-t-elle.

Ha’Kan soupire...les tokoloshes ne l'aimait pas ! Pas du tout ! La journée si bien commencée partait en loukoum ! Il voit l'arrivée de Momo au ralenti, l'esprit encore embrumé dans toutes les news de la journée et le regard déjà perdu, sombre, plus noir qu'il ne l'avait jamais été ! Depuis la veille et le combat avec les panthères, l'inkosi n'allait pas bien ! Moral en berne et envie d'aller casser de la kike il patientait ! L'arrivée de la rousse le fera tilter "Va avec Kite voir QUI est chez l’Inyanga ! Et reviens me dire si c'est bien ton frère ! Kite...Va avec elle !"

Kitemona était resté de marbre même sous l'élan de Morik'o, et le regard obstinément dans celui de son i'mota. Parce que s'il la regardait, il savait : La culpabilité prendrait le dessus. Ne te montre pas faible, se rappelait-il mentalement, pour rester droit. Oui, Toa' était revenu. Un déserteur, selon ses dernières informations. Il savait le sort que l'on y réservait habituellement. Il acquiesça d'un geste de tête, et tourna sous un "Bien, inkosi." Imaginant que la kike se relèverait toute seule pour le suivre.

Morik’o bugga un instant et vint à clore ses paupières, en réfléchissant. Ça pulsait à fond dans cette petite boîte crânienne. Pour un peu elle aurait flanché. Mais elle se ravisa. La Kike faible autrefois ne l'était plus. Elle avait enterré son passé depuis son retour et comptait bien le valider en faisant la cérémonie de changement de nom avec la Sangoma. Oui, avant elle aurait couru direct secouer son frère pour lui souhaiter à nouveau la bienvenue. Mais pas là ! Elle n'était plus la même ! Elle rouvrit les yeux et se leva, fixa d'abord le Hunter, puis ensuite Ha'Kan vers qui elle dit d'une voix sèche "Si ce Kiume dont vous parlez, est bien, présent, alors il n'est plus mon frère ! C'est un traître... Point ! Alors je ne sauverai pas sa peau.".

Kitemona avait fait route dans le plus grand des silences, carré. Et il ouvrait la tenture à Morik'o pour la laisser passer, entrant à sa suite.

Morik’o fit la route, dans un silence total. Elle serrait déjà les poings avant même d'être parvenue au Lazaret. Elle balaya, le rideau d'un seul mouvement et ne remarqua qu'une seule présence à l'intérieure. Une personne inconsciente. Elle renifla... Rien... Elle qui connaissait par cœur l'odeur de son frère, ne la retrouvait pas en lui... Faut dire qu'à force de fréquenter les cités et les nyeupes, il s'était ôté le parfum de la jungle. Elle fit un pas, puis deux, puis trois jusqu'à arriver au niveau de l'individu qu'elle scruta intensément, étudiant son aspect physique à présent. Elle remarqua les brûlures et les cicatrices qu'il portait sur l'ensemble du corps ce qui la fit frissonner. Déjà sa peau ne trompait pas, la couleur était restée la même. Elle retourna son visage sur le côté, délicatement et ferma les yeux tout en parcourant son visage du bout de ses doigts. Après quelques instants, elle fit un bond en arrière et poussa un "Crisssss" strident. Le Hunter ne s'attendait peut être pas à ça, mais la Momo se releva folle de rage et attrapa par la tignasse l'homme inconscient jusqu'à le traîner hors de la hutte. Elle hurla, toute rage sortant d'elle "Kidding me ni nje!" [Foutez-moi ça dehors !!!]. De par sa réaction, elle alertait toute la tribe, tout en continuant de traîner son frère qu'elle ne considérait plus de cette manière.

Maloya sourit en pensant à Momo , la rousse  avait donc un frère....Elle croisa les bras " je lui ai passé un peu d'eau sur le visage , mais il était bien amoché....Il a demandé où il se trouvait.....Mais rien de plus il dormait tout le temps!" Elle haussa les épaules et se dandina mollement " je l'ai donc laissé, je pouvais pas faire grand-chose pour lui...." Elle se tourna vers l'inkosi et lui chuchota en mettant la main devant la bouche " dis tu me diras quand même pour les m'totos?" Elle se redressa en souriant

Kumba prenait les choses de manières tout à fait naturelles, les cris et autres hurlements, et quand on parle du Kalbat, il désignait la personne que Morik’o traînait "ah bin voilà... tu le reconnaîtras peut être? C’est lui!"

Al’Ka souriait a la remarque murmurée de Maloya ...  Il viendra d'un pet de bouche marquer qu'il n'en savait fichtre rien.  Parce qu'il sait la WanaWake particulièrement curieuse il lâchera même une info assez personnelle " C'est peut-être... l’usure... Le fait de faire encore et encore ...  Je n'ai su l'existence de Ealden qu'une fois qu'il était adulte... Mais... sa M’wana... C’était ...; elle... elle... beaucoup... sans vouloir...que * il se grattait la tête " Je n'étais pas moi  ...."

Kitemona suivit avec un temps de latence. Non, il ne s'était pas attendu à pareille réaction de Morik'o. Il ne voulait pas s'en mêler. Il ne voulait pas intervenir. Il ne voulait même pas être là, en fait. N'importe où, mais ailleurs. Loin. Et comme y'a un inkosi en champs de visu... Bah, il ralentit considérablement le pas. Peut-être Al'Ka interviendrait-il, lui épargnant ainsi de se casser la tête à savoir quoi faire. Ou l’Inyanga, qui s'offusquerait de voir un malade traiter ainsi... Well. Quelqu'un. Beaucoup... c'est peut être ça ... beaucoup...

Morik’o se radinait, les yeux exorbités, avec la carcasse vivante de l'homme inconscient, qu'elle trainait d'une main. L'adrénaline était montée tellement vite, qu'elle ne calculait même plus la force qu'elle avait. Elle continuait de pousser des cris, hystérique rousse qu'elle était. Son frère ! Non il n'était plus ainsi depuis qu'elle l'avait vu chez les Nyeupes à pactiser avec eux ! Elle joignit le groupe et jeta l'homme aux pieds de l'Inkosi ! "kwamba msaliti! Si katika makambi nje msaliti!" [Ça traître ! Traître dehors pas dans camps !].Elle se tourna vers Kite "Toi peut prévenir Ha'Kan que moi reconnaître Homme ! Il fût mais n'est plus !".

Al’KA recule d'un pas quand on lui propulse un cadavre devant lui.  Il avait cru comprendre qu'on l'avait brûlé... à moins... à moins que ce soit..."Ils viennent de me dire  ... C’est... Lui ?"

Maloya souriait en regardant Al'ka quand elle sentit quelque chose rouler à ses pieds, elle recula et remarqua que c'était le fameux frère....Elle fixa Morik’o qui avait l'air hors d'elle puis l'inkosi...Elle préféra ne pas s'en mêler. Elle se mit un peu retrait pour lui laisser la place;

Kitemona y comptait ! C'était le truc super valable pour excuser sa fuite en bonne et due forme. Du coup, il contourne largement et retourne vers Ha'K.

Morik’o ne savait pas ce qui se disait avant qu'elle arrive. Elle ne connaissait pas non plus le pourquoi son frère était revenu. Dans tous les cas, elle le voyait en ennemi et plus rien d'autre. Elle lâcha sèchement, pestant, faisant claquer sa langue contre son palais d'énervement "Toa'Hiti !". Elle pointa du doigt, le kiume qui était dans les pommes.

Al’Ka arquait un sourcil. Ainsi... Kumba avait vu juste.  Il venait du bout du pied retourner le corps pour apercevoir son visage " Je le croyais mort ...."  Il venait contourner la masse au sol pour l'observer dans un autre angle, cherchant à y retrouver une certaine familiarité " Parles moi... de ce jour-là... de son départ et de ce qu’il s'est passé après ; chacun ici doit comprendre et ne pas déformer une histoire ancienne"

Kumbawé confirmait ce que disait Mo en répétant ce que le kiume lui avait ce matin "Yebo c'est ça Toa'hiti, il m'a dit ça aussi... mais si tu le reconnais pas Momo..." il hume l'air "je crois que le bûcher brûle encore..."

Maloya leva les yeux vers Kumba, il était radicale celui-là! Elle fixa  Momo la prenant par l'épaule " Momo, tu lui as parlé? " Elle avait peur que sa sœur réagisse sous le coup de la colère , vu son caractère volcanique....

Morik’o renifla subitement, toc quand elle est vénère ! Elle balaya la foule de Jang'Ka, d'un regard noir. Pas contre eux la haine, mais contre son frère, son unique lien de sang qui l'avait trahis. "Toa'Hiti avoir quitté Tribe sans prévenir pour aller chercher Otargr le Nordic qui n'a jamais pu renier ses origines et encore moins la rage qu'il portait en lui. Quand Moi avoir appris disparition de Umfowabu, être allée à sa recherche. L'avoir pisté de terres en terres jusqu'à le retrouver en cité de nyeupe à être avec eux et à leur parler normalement, comme si il avait choisi son nouveau camp. Un moment, Momo l'avoir perdu de vue, mais lui être revenu à même endroit". Elle ne savait qu'en fait la période qui correspondait à sa perte de vue, correspondait à celle à laquelle il avait refoutu les pieds dans le Schendi et s'était entretenue avec Ash. Toa'Hiti était devenu fou et n'avait plus toute sa mémoire. Mais ça, elle l'ignorait encore. Elle opina de la tête vers Maloya "Cha Momo devait le reconnaître ! C'est tout ! Il est inconscient ! Il parle pas !". Pour le coup,; elle avait envie de l'empoigner et de lui mettre des raclées pour qu'il daigne ouvrir les yeux et sortir un son !

Al’Ka venait avec un regard sceptique observer l'homme au sol. Peu lui importait son état de santé, il était pour lui dans une situation ou seul la communication le tirerait d'affaire " Emmènes le dans les cages du sous-sol. Ne le met pas dans la fosse, mais dans les cages de l'autre côté des grilles.  Il sera interrogé... Seul ce qu'il sera capable de dire pour expliquer ça adoucira sa mort. Le lazaret ... est fait pour la Pakiti... La cage... pour les traîtres."

Maloya baissa les yeux pour regarder le kiume au sol et d'une voix calme elle dit en s'adressant à Morik’o " C'est ton nom qu’il a prononcé en ouvrant les yeux..." Elle la fixait comme pour lui dire attend de lui parler mais ne rajouta rien.

Kumbawé ne doutant pas de la force de Momo, il hésitait à la laisser se débrouiller seule pour le descendre jusqu'en bas, bon aller il lui proposera quand même "tu veux que je t'aide pour descendre son corps?"

Morik’o est du genre têtue. Elle aurait préféré le jeter en pâtures, plutôt que d'entendre des mensonges sortir de sa bouche. Cependant, l'ordre venait directement de l'Inkosi, elle ne pouvait lui désobéir donc. Elle attrapa, son frère, par les cheveux à nouveaux et se tourna vers Kite qui s'était de nouveau rapproché "Toi aider moi à mettre lui en cage !", puis vers Maloya "Si lui avoir osé prononcé mon nom c'est que lui veut m'emmener avec ! Lui vouloir m'arracher à Jang'Ka, à Schendi !". Morik'o ne voulait pas croire en son frère, bon en même temps normal.

Kitemona continuait son chemin comme s'il avait rien entendu ! Et vers sa hutte, apparemment... Oui, il compte s'en sortir comme ça, lui

Al’Ka : "Il n'y arrivera pas ... Tu es sous notre protection...". Il venait d'un geste rassurer Morik’o et s'éloignera en leur confiant l'enfermement de Toa.

Morik’o voyait Kitemona se défiler, genre il avait quelque chose à se reprocher. Et quoi donc ?! Qu'est- ce qu'il lui cachait encore le ziozio. Elle choppa une caillasse qu'elle jeta sur le Hunter "Kitemona ! Reviens ici ! Toi l'avoir trouvé, toi me devoir explication !". Elle vrillait vers Kumba se demandant s'il était au courant de quoi que ce soit lui aussi, qu'elle puisse ignorer.

Kitemona revenait, en voyant qu'Al'Ka filait également... Bah, l'est gentleman, il ne va pas laisser Mo' forcer toute seule... Du coup, il revient pour prendre le comateux et repartir sans mot. Il revenait aussi, parce que les caillasse, ça fait mal à la tête !

Kumbawé avait déjà proposé son aide, il attendait une réponse

Morik’o attendait de l'aide oui ! Elle acquiesça vers Kumba "Yebo, me gêne de porter msafili ! (traître)". Ça l'horripilait oui.

Kumbawé le charge sur les épaules comme il faisait avec les tarsk "faut que vous m'aidiez pour ouvrir les portes alors....je vous suis".

Kitemona avait donc laissé Kumba porter le corps, et ouvrait les portes du coup.

Kumbawé aurait galéré sans l'aide de Kite, il finit les derniers pas seul pour finalement lâcher le corps

Morik’o attendait maintenant les explications de Kite. Elle se retourna vers lui "Pourquoi toi l'avoir amené ici ! Lui n'est plus Jang'Ka ! Qu'est-ce qu'il a dit ! Parle !".

Kumbawé était curieux de la réponse de Kite, lui quand il trouve un corps inerte dans le Schendi... bin il le laisse où il est... tant pis !

Kitemona laissa place libre pour Kumba, et reculais un peu, jusqu'à ce que Mo' lui réclame des explications. Il se rehaussa et la toisa du haut de sa stature, sans vraiment la regarder elle. "Il était inconscient, alors il n'a rien dit, et je n'ai remarqué qu'une fois sur place, de qui il s'agissait. De plus... C'est aux inkosi de choisir. Pas à moi. Si on m'a fait croiser sa route avant qu'il meurt, je crois que les esprits ont une raison. Ça n'est pas à moi d'en juger..." D'un ton modulé, et toujours en langage schendien.

Morik’o siffla entre ses dents. La réponse ne suffisait pas. Elle porta un doigt accusateur vers Kitemona "Toi avoir placé Msafili dans Lazaret, alors que toute Tribe savoir qui il a été ! Hunter ! Tu as cédé à tes sentiments, ni plus ni moins ! Momo l'aurait laissé dehors et aurait parlé aux Inkosis après avant d'entreprendre quoi que ce soit !". Oui, comme à son habitude, elle balançait les quatre vérités à travers la goule de Kite ! Elle observa Kumba "Toi qu'aurais tu fais ? En sachant ce qu'il a fait ?".

Kumbawé ne tenait pas spécialement à prendre parti, mais la loi était la loi "quand je trouve un corps dans le schendi j'en parle aux Inkosis, on va voir sur place ensuite et si c'est toujours vivant ils avisent. C’est ce que je fais d'habitude mais... il peut y avoir des cas particuliers".

Kitemona accueillit la réplique de Mo', avec un calme olympien. Un calme plat, mais noir. Le hunter qu'elle avait jadis connu, était bien loin, et grand mal lui fit de croire qu'elle pourrait lui parler ainsi. Aussi, le revers de gifle menaça de fuser, quand il se fit à nouveau entendre, cette fois d'une voix froide qui en remettrait  plus d'un à sa place. Après tout, son rang était toujours au-dessus : " Pour qui crois-tu te prendre, Imani ? Toi, qui, juste là, se laisse aller à ses sentiments ? Je suis Hunter, libre à moi de ne pas laisser une carcasse si près du camp, au risque d'attirer les prédateurs et d'ainsi mettre en péril les vies de nos m'toto. Je ne répéterai pas mes mots, réfléchis à deux fois avant de l'ouvrir." Cette fois, il était en rogne, c'était clair et net. Parce qu'il l'avait dit, par deux fois, qu'il n'avait pas capté de suite l'identité du type avant, et que ses sentiments n'avaient toujours pas percé au-delà de ses propres profondeurs. L'était loin, le hunter souriant et joueur, qui laissait facilement passer les choses.

Morik’o  scruta intensément Kitemona qui la remettait en place. Ha beh ça c'était une première ! Une gifle verbale... Il a bien grandit Kite ! Elle en sourit presque ! Ça faisait du bien un peu de caractère bien placé. "Des carcasses y en a partout autour de notre camps ! Sors, observe, et vois par toi même ! Tu ne me feras pas avaler ça ! Quant à dire que je me laisse aller à mes sentiments ! Au moins une chose de positive ! Je pense plus à notre Pakiti, à leur protection plutôt qu'à celle de mon Damu !". Elle désigne du menton, Toa'Hiti. "Lui ne revient que pour rapporter malheur ! Alors Sentiment de colère et de haine ! Ça oui j'ai, parce qu'il ne m'aura pas avec ses yeux doux ! Tu n'es pas seul à avoir changé Hunter !". Elle se radoucit et vint lui mettre la main sur l'épaule "Nous avons tous deux changés, je ne suis qu'Imani aujourd'hui mais demain je serai autre ! Et nous continuerons d'évoluer ensemble !".

Kumbawé avait passé la journée à s'occuper des problèmes du camps, des inahans, des prisonniers, et même des "malades", avec tout ça il trouvait le temps de faire des m'totos et de chasser "yebo yebo... et moi je vais aller changer dans mes furs, ce qui m'intéresse c'est ce qu'il dira à son réveil... lala kahle Jang'kas"

Morik’o fit un signe à Kumba "Lala Kahle ! Et pas trop de courbatures pour Maloya demain". Avec tout ça, elle trouvait à y mettre une touche d'humour.

Kitemona se détourna de la main à son épaule, comme s'il n'en avait plus rien à faire de la situation. "Kumba, assure-toi que cette cage est bien fermée. Je n'ai nulle envie de devoir organiser une chasse au prisonnier." Mais comme le type partait, il se doutait que c'était déjà fait. Aussi, prit-il la même direction. "Sala Kahle. Je n'oublie pas que je dois t'accompagner quelque part." Mais c'était pour un autre jour, décidément

Morik’o voyait tout le monde partir. Elle profita de l'absence de tous pour s'écrouler devant la porte qui la séparait de son frère. Des larmes roulèrent sur ses joues. Elle caressa la porte de ses griffes se laissant aller seule à cette faiblesse : celle de vouloir serrer son frère dans ses bras. Chose qu'elle ne pouvait faire. Son choix avait été celui de l Pakiti. Oui, ça s'annonçait dur les prochains jours à venir. Elle murmura, sa voix résonnant à travers la pièce comme une longue plainte "Wewe ni hatimaye nyuma Umfowabu ... You kupatikana kwa njia yako ... Ulikosa mimi sana ... Dada yako anakupenda, oh ndiyo yeye anakupenda ..." [Tu es enfin revenu Umfowabu... Tu as retrouvé ton chemin... Tu m'as terriblement manqué... Ta sœur t'aime, oh oui elle t'aime vraiment...]. Au point de se laisser aller à une souffrance... Elle chanta alors ces quelques vers

"Sisi sijui ni kwa nini tumechagua njia ya moto
Ambapo sisi kuishia si mahali sisi iliyopangwa
roho zote kukusanya karibu kama kama ilikuwa siku yetu ya mwisho
Kuvuka, unajua, tutaweza kuinua mchanga".
[On ne sait pas pourquoi nous avons choisi la voie du feu
Là où l'on finit n'est pas l'endroit que nous avions planifié
Tous les esprits se rassemblent autour comme si c'était notre dernier jour
Pour traverser, tu sais, nous devrons soulever le sable.
Morik’o se releva et repartit, silencieuse.]


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